fin novembre 2011

   L’obtention des visas pour l’Arabie saoudite…

    De Dubaï, nous retiendrons aussi l’excursion à l’Ambassade d’Arabie Saoudite : c’est Sabine qui s’y « colle », pendant que Thierry et les enfants lavent le camion de haut en bas chez Julie et Benoît. En fait, nous avons appris que nous risquions une amende pour « véhicule crasseux », oui Madame !

Alors, à l’ambassade, c’est simple : c’est désert, devant comme derrière le guichet… Les hommes patientent dans une salle, les femmes dans l’autre, ça, on connaît. La personne qui daigne enfin m’adresser la parole m’explique que toutes les démarches se font en fait dans un bureau privé, dans le même quartier. Nous avons deux potentialités pour espérer traverser l’Arabie avec le camion : soit un visa de transit de 3 jours (un peu court pour parcourir les 1800 km qui nous séparent de la frontière jordanienne), soit faire valoir une invitation que le collègue saoudien d’un ami français a eu la gentillesse de nous transmettre. Elle nous permettrait d’obtenir un visa de business d’un mois ! Le seul hic, c’est que Sabine apprend qu’il faut que l’entreprise saoudienne fasse parvenir les numéros de visas qui vont avec après les avoir demandés au Ministère des Affaires Etrangères saoudien… Bon, on va tenter le simple transit ! Le guichetier envoie donc Sabine au bureau privé voisin, où on lui annonce que les visas de transit ne sont pas délivrés aux personnes ne résidant pas aux Emirats. Pour pouvoir poursuivre, il leur faut une « lettre de non-objection » de la part du Consulat de France, qui se trouve à l’opposé de Dubaï, dans le nouveau quartier de la Palme (îlots artificiels en forme de palmiers construits sur la mer à forts coups de remblais). Et hop ! Traversée de la ville en taxi (aucun métro ne desservant le quartier pour le moment…). Au 32ème étage de la Business Tower de la Marina, un agent consulaire adorable explique à Sabine qu’une « lettre de non-objection » n’est délivrée que pour un visa de business, pas de transit. Si elle a les numéros de visas, il peut la lui écrire dans la demi-heure. Malheureusement, ce n’est pas si simple, car elle n’a pas les coordonnées du collègue saoudien… L’agent consulaire propose de téléphoner lui-même à l’ambassade d’Arabie afin d’avoir confirmation des infos données à Sabine dans un anglais pas toujours clair : trop gentil ! Le couperet tombe : pas de visa de transit si on ne réside pas aux Emirats… C’est cuit pour aujourd’hui ; nous tenterons notre chance à l’Ambassade d’Arabie en Oman, on ne sait jamais…

   

    L’apéro aux portes du désert

   Chez les copains, le camping-car brille, les draps sont propres, les réservoirs remplis à bloc, les enfants se baignent dans la piscine chauffée (!), qui peut d’ailleurs aussi être climatisée en été, lorsque le mercure dépasse les 40° C ! En milieu d’après-midi, nous prenons congé de Julie, qui récupère son petit Elouan de 5 ans qui rentre de l’école en « school bus » vers 14h30. Ici, la classe commence à 8 heures et se termine vers 13h30, avec une pause casse-croûte dans la matinée : à la britannique.
Nous avons rendez-vous avec Julien, qui, quand il est en bon état (pas comme en ce moment où il est en convalescence après une opération des ligaments croisés du genou), est maréchal-ferrant des chevaux de course de son Altesse Sheikh Mohammed,
dirigeant de l’émirat de Dubaï, rien que ça ! Il nous emmène dans son 4x4, aux portes du désert (environs 30 kilomètres seulement du centre-ville) apercevoir ses écuries et les hippodromes (en pelouse et arborés !) environnants. Ensuite, nous allons prendre l’apéro à la terrasse du magnifique Hôtel Bab-el-Shams, véritable oasis de tranquillité au milieu des dunes. Un dromadaire emmène Martin, Amélie et Thierry sur son dos pour un petit tour chaloupé au soleil couchant, et un fauconnier fait une démonstration de dressage avec trois faucons bien disciplinés. Quelques acrobaties en 4x4 dans le sable pour faire plaisir aux zouzous, puis envolée de nos crêpes dominicales à l’appartement : le plafond est plus haut, on risque moins d’y coller nos galettes ! C’est notre dernière soirée « confortable » avant de reprendre la route dans notre cabane à roulettes…


    Les émirats de Sharjah et Fujaïrah

    Pour nous rendre dans le Sultanat d’Oman, nous traversons d’abord l’Emirat de Sharjah, qui s’étend du littoral du Golfe Persique à celui de la Mer d’Arabie. Nous élisons domicile à Badiyah, sur une plage de sable gris bordée de palmiers fraîchement plantés, puis allons tâter la plage : bien nous en a pris ! Certes, c’était rigolo de narguer les vagues et de tremper nos orteils, mais nous n’en sortons pas indemnes : de jolies boulettes de pétrole se sont collées sous nos pieds ! Et oui, au large, c’est une véritable autoroute des cargos qui transportent l’or noir depuis le Golfe jusqu’au reste du monde, alors, forcément, il y a parfois des fuites… Fort heureusement, nous venions tout juste de discuter avec une jeune femme qui venait de nous donner le nom de la lotion-magique-qui-dissout-le-pétrole (càd : « Johnson Baby Oil » !) que l’on peut se procurer au supermarché du coin. Belle coïncidence, non ? Direction donc le supermarché du coin. Puis retour sur la plage. Durant toute la soirée, les passagers des voitures qui passent sur le bord de mer nous saluent à coups de « pouët ! pouët ! ». L’accueil est plutôt sympa.

  
Nous voulions nous offrir une balade en « boutre », ces bateaux traditionnels en bois, assez hauts et que les Omanais utilisent depuis des dizaines d’années pour le commerce dans tout le Golfe Persique. Nous pensions grimper dans la péninsule de Musandam, enclave omanaise coincée au nord des émirats, où la côte escarpée dissimule des criques magnifiques appelées « fjords » en référence aux  paysages scandinaves. Il paraît que les dauphins sont au rendez-vous et escortent souvent les navires… Seul souci : il faut traverser le massif montagneux du Djebel Harim, ce qui ne se fait qu’en 4x4, apparemment… Du coup, nous nous renseignons localement pour une sortie en mer, même si c’est un peu moins dépaysant. Deux Emiratis nous invitent à les suivre de l’autre côté de la frontière (juste un
check-point à passer) où ils nous conduisent au port de Dibba. Un boutre est effectivement sur le point de partir en balade mais le prix annoncé est exorbitant : 140 euros pour une demi-journée… Bien trop pour notre bourse de globe-trotters ! Tant pis, nous nous consolons en roulant une trentaine de kilomètres au pied des montagnes, le long d’un « wadi » (lit de rivière) asséché encaissé entre deux falaises. La route asphaltée laisse subrepticement la place à une piste caillouteuse sur laquelle Inès, Martin et Amélie prennent chacun à leur tour le volant… Les chèvres se réfugient dans les rochers, les autres véhicules que nous croisons se jettent dans le fossé… Arrivés au fond de la gorge, à Khab-al-Shamis, nous recevons l’autorisation de stationner là pour la nuit de la part d’un petit papi édenté vêtu d’un tee-shirt élimé et d’un pagne simplement noué sur la hanche, mais qui possède un énorme cheptel de biquettes qui crapahutent autour de nous, à peine le moteur est-il coupé ! Nous nous étions d’abord adressés au maçon qui posait des moellons sur la terrasse d’une maison en construction au bord de la piste mais, très vite, il nous avait fait comprendre qu’il n’était pas le patron ni le propriétaire des chèvres, n’étant « que » Pakistanais » !... Nous réalisons du coup que le petit monsieur qui ne payait
pas de mine -et avec qui nous avions du mal à communiquer à cause de la barrière de la langue- était en fait certainement assez fortuné ! Comme quoi, l’habit ne fait définitivement pas le moine…

Après la classe, séance « cinéma » dans la capucine ; au programme ce soir : « Les douze travaux d’Astérix » ! Le ciel est tellement dégagé que nous sortons admirer les constellations avant de nous coucher : trop beau. A Badiyah, le lendemain, nous visitons la plus ancienne mosquée des Emirats (15ème siècle), dont les quatre dômes en pisé reposent sur un unique pilier central : plutôt original.


    Nous longeons la côte de la Mer d’Arabie en direction de la frontière omanaise et nous arrêtons sur la Corniche de Khor Fakkan, très verdoyante, pour pique-niquer sur la pelouse qui longe la mer, comme le font des dizaines de familles qui sont venues s’installer sur d’immenses tapis. On dirait un peu un
déménagement : bouteilles de gaz, énormes marmites, cartons de paquets de chips… et battes de criquet ! C’est très bon pour la digestion… En début d’après-midi, un groupe d’enfants aux tee-shirts vert flash, sur lesquels est inscrit le nom de leur centre de loisirs, débarque pour un match de foot endiablé sur la plage, ce qui est assez fréquent ici. Des femmes nous offrent des chips, nous leur proposons un carré de chocolat. La discussion est brève, mais amicale. En fin de journée, nous arrivons à Al-Fujaïrah, où nous pensions tout d’abord essayer d’assister à une séance de « bull-butting » (combats de taureaux), mais nous nous trompons d’intersection et arrivons au fort, tout illuminé, et surtout : cerné de vans à
chevaux ! Il ne faut pas cinq minutes à notre petite troupe pour enfiler ses chaussures et se ruer vers les attroupements ! En fait, les scheiks de l’Emirats d’Al-Fujaïrah ont organisé des festivités pendant tout le mois pour mettre la tradition à l’honneur : défilé de purs-sangs arabes, danses du lancer de sabre, exposition sur les techniques de pêche ancestrales, plats traditionnels, etc… Cela ressemble à une kermesse géante. Nous goûtons aux crêpes-à-la-vache-qui-rit (tu parles d’un plat typique ! On a le même à Lons-le-Saunier…), aux rouleaux de feuilles de vigne frits, le tout servi par des femmes en vêtements traditionnels  Ceux-ci ressemblent aux tenues du sud de l’Iran : pantalon de satin resserré à la cheville et brodé de paillettes, tunique assortie, foulard très coloré, voire masque de cuir qui leur cache la bouche… Nous prenons place dans les tribunes après avoir visité le fort illuminé et assistons à une démonstration de lancer vertical de sabre : impressionnant. Il y a aussi la « danse » des chameliers qui, disposés en ligne, agitent leurs cannes à chameaux en rythme et en dodelinant de la tête.

   

   Après cela, direction Khor Kalba et sa lagune pour le bivouac. Le lendemain, nous partons à la découverte de la mangrove qui borde la lagune. Les palétuviers forment une forêt impénétrable, les pieds dans l’eau, et servent de refuge à bien des espèces d’oiseaux, dont le martin-pêcheur. La mer descend et met à jour les jeunes pousses de palétuviers tandis que nous observons les coquillages se déplacer lentement dans la vase. Martin s’installe entre deux branches à son « poste d’observation » mais les échassiers ont sans doute été effrayés par notre venue…


 

14 Emirats Arabes Unis / suite