mars 2012


   
Le Caire
    Une fois Valou et François, les parents de Sabine, récupérés à l’aéroport, l’aventure peut commencer… La circulation étant dense et un peu anarchique dans la capitale, nous laissons le camion au Couvent des Dominicains (notre bivouac) et inaugurons le métro. La ligne que nous empruntons est toute neuve et devrait desservir l’aéroport à l’avenir. Après trois changements, nous émergeons… place Tahrir, rien que ça ! L’endroit aujourd’hui est tout calme ; seules quelques banderoles volent au vent. Nous nous acclimatons progressivement au monde, aux klaxons qui fusent, puis arrivons devant l’énorme bloc orange qui abrite le Musée Egyptien et surtout ses trésors. En arrière-plan se détache le bâtiment du parti de l’ancien Président Moubarak, calciné… Notre sélection parmi les collections du Musée se limitera au contenu de la Tombe de Toutankhamon (chars, bijoux, sarcophages en or massif et bois doré, statuettes, et tant d’autres m
erveilles…) ainsi qu’aux outils de l’Egypte Ancienne. Dans la foulée de la visite, nous dégustons notre premier « koushari » (riz, coquillettes et lentilles, servis avec de la sauce tomate fraîche, des oignons frits et des pois chiches) dans un petit resto bien sympa : chez Abu Tarek. Retour en métro et déballage des innombrables cadeaux apportés par les grands-parents-gâteau : des livres et encore des livres, mais aussi des Playmobil, une toupie, du chocolat noir (Sabine est accro, ce n’est plus un secret !) et même du shampoing de la marque préférée de la même Sabine. Pauvres Valou et François : déjà que la taille de leurs valises était calibrée (à sept dans le camping-car, il n’y a pas beaucoup de place perdue…) ! Thierry a repéré un petit garagiste dans le quartier, à qui il confie la vidange du camion à effectuer : au moins, ce sera fait ! Les deux semaines qui vont suivre sortiront totalement du cadre « voyage touristique digne d’un tour-opérateur »… Accrochez vos ceintures, ça va remuer !


   
Gizeh

    Sur le chemin qui mène vers Louxor, au sud, nous apercevons les fameuses Grandes Pyramides, perdues dans le chaos de la ville, au milieu du désert de sable qui jouxte l’agglomération. Comme de bons touristes, nous nous laissons convaincre par la ballade en calèche à cheval pour découvrir les tombeaux pharaoniques de Khéops, Khephren et Mykérinos. Nous descendons dans cette dernière et découvrons les salles successives où étaient déposés les objets usuels du défunt ainsi que les offrandes. Le fait d’avoir vu le contenu de diverses tombes au Musée Egyptien nous permet d’imaginer maintenant comment tout cela était entreposé pour accompagner le mort dans sa vie de l’au-delà. Le Sphinx attend un peu plus loin, majestueux. Nos cochers nous font faire ensuite un petit tour dans les ruelles du village de Gizeh, en dehors du circuit touristique traditionnel.


   Premier pépin électronique

    Sur l’autoroute qui descend en longeant la Vallée du Nil, les abords sont jonchés de détritus. Des programmes de construction se succèdent, mi-finis, mi-en- cours, au milieu d’une vaste étendue de sable qui s’étend à perte de vue. Il y a même un étrange village qui défile sur trois kilomètres au moins ; nous apprendrons par la suite qu’il s’agit d’un cimetière, avec un côté musulman et un côté chrétien. La ville du Caire est tellement asphyxiée que les morts se reposent désormais en périphérie… Nous roulons depuis une cinquantaine de kilomètres quand Thierry s’aperçoit que le voyant rouge de l’alimentation est allumé. Malheureusement, il ne peut rien bricoler car il s’agit d’un défaut électronique. Il nous faut trouver un garage, c’est pourquoi nous bifurquons vers l’immense ville-oasis d’Al-Fayoum. De conseils en indications, nous nous retrouvons dans une rue très fréquentée, avec des échoppes, des minibus d’écoliers, des livreurs de marchandises à vélo, en charrette à âne ou en pick-up, bref : ça brasse ! Un premier gaillard
vient mettre le nez sous notre capot, sans succès. Puis Islam intervient : ce jeune homme qui nous observe depuis que nous sommes arrivés conseille à Thierry de ne pas rester là et surtout de ne pas confier le camion à n’importe qui. Après avoir téléphoné à son frère Ahmad, qui parle très bien anglais et qui nous rejoint dans le camion, ils nous guident tous deux vers leur quartier, où un de leurs amis garagiste tente de percer le mystère du voyant rouge… Il s’agit bel et bien d’un problème électronique, alors Islam nous emmène de l’autre côté de la ville chez un garagiste équipé d’une valise électronique, qui lui permet de tester les différents fusibles. Pendant ce temps, notre nouvel ami accompagne  Sabine pour acheter quelques fruits et légumes puis revient faire l’interprète entre le garagiste et Thierry. Puis nous faisons la connaissance de Fady, le meilleur ami d’Islam, qui reste un moment à papoter puis repart. Il reviendra quand le travail sera fini pour nous accompagner dans un lieu sûr pour la nuit. Vers 21 heures, l’affaire est réglée et cela nous coûte la maigre somme de cent livres égyptiennes, soit douze euros ! Nos deux « anges-gardiens » nous emmènent effectivement dans un coin tranquille : un monastère copte, gardé par un policier. Après avoir rempli les formalités de sécurité (contrôle des passeports et « salam alekoum » de politesse), nous saluons et remercions Islam –le musulman– et Fady –le chrétien– qui ont donné un sacré morceau de leur soirée pour nous dépanner.

Nous n’oublierons pas de sitôt leur gentillesse et leur disponibilité !


   La descente de la vallée du Nil
    Notre deuxième nuit à sept dans nos dix mètres carrés s’est très bien passée ; nous sommes d’aplomb pour une longue journée de route, qui devrait nous mener à Louxor. Nous longeons les champs de betteraves, luzerne, blé et orge cultivés dans cette immense zone fertile, puis retrouvons le désert de sable. Mais au niveau d’Al-Minya, nous sommes désormais obligés de suivre une escorte policière qui assurera notre sécurité en tant que touristes. Nous quittons donc l’autoroute pour nous retrouver le long du Nil, sur une petite route truffée de dos d’ânes et qui traverse plein de petits villages : nous ne serons pas à Louxor ce soir… L’aspect positif de ce
convoi qui ralentit tout de même sacrément notre voyage (nous roulons à peu près à quarante à l’heure), c’est qu’au moment de trouver du gasoil, les policiers s’arrangent pour nous faire remonter la longue file d’attente de la quatrième station-service que nous voyons et qui, elle, n’est pas fermée faute d’approvisionnement : du coup, nous sommes rapidement servis. En même temps, nous ne sommes pas très fiers de griller tous ces chauffeurs et « piétons » qui attendent depuis plusieurs heures de pouvoir remplir leur réservoir ou leurs bidons.
  
    L’autre avantage de ce détour, c’est que nous en prenons plein les mirettes : grâce au Nil (et ce, depuis des millénaires), l’irrigation des cultures est possible et elles s’étendent à perte de vue de part et d’autre de la route : palmiers, canne à sucre, céréales jouent les dégradés de verts sous une lumière magnifique. La cueillette de la luzerne notamment (qui sert à nourrir les bêtes) se fait à la serpette et l’on distingue les dos courbés des ramasseurs parmi les hautes herbes. Ensuite, elle est chargée sur le dos des ânes, dont on ne voit plus que les oreilles, pour être transportée jusqu’aux villages. Les agriculteurs ont aussi des buffles, des vaches, des moutons, qui « paissent » dans les cours en terre battue, à proximité des habitat
ions. Certaines femmes lavent encore leur linge dans le Nil. Et enfin, il ne faut pas oublier l’accueil chaleureux –et sonore- qui nous est offert à l’arrivée de chaque village : on pourrait se prendre pour des VIP !

   

    Quatre relèves d’escorte plus tard –dont une très bruyante avec ses sirènes dignes des feuilletons américains du dimanche après-midi– nous arrivons à Assiout. On nous prie de nous garer en face de l’hôtel de police, sur un tas de détritus, pas loin d’un rond-point : la nuit promet d’être reposante !

Certains trouvent le chant du coq irritant… Ce n’est rien à côté du camion de police qui toussote pendant une demie-heure sous nos fenêtres avant de démarrer, de la cloche de l’école voisine suivie du chant patriotique des élèves qui résonne dans les haut-parleurs et du camion-poubelle aux freins usés, sans oublier l’appel à la prière !


    Bon, de toute façon, nous devons lever le camp tôt car la route
est encore longue. Nous sommes un peu contrariés car, avec ce retard, nous n’aurons pas le temps de descendre jusqu’à Assouan ni de faire une croisière en felouque pour remonter le Nil. En effet, nous devons être rentrés au Caire dans dix jours pour remettre Valou et François dans l’avion et il ne faut pas négliger les potentiels imprévus et les retardements ! Deuxième journée assez identique à la première… A la tombée de la nuit, les policiers qui nous escortaient nous laissent nous débrouiller dans la ville soi-disant « sûre » de Neg Hammedi. Par acquis de conscience, nous cherchons le poste de police le plus proche, où l’on nous laisse entrer mais seulement pour une courte pause. Grâce à Tarek, un
passant qui nous a vus un peu désappointés et qui parle anglais, nous obtenons l’autorisation de prendre le temps de doucher les enfants et de dîner. Tarek obtient même des agents de police qu’ils nous remplissent le réservoir d’eau, au bidon, faute de tuyau assez long ! Bien que fourbus par cette interminable journée de voyage, nous sommes obligés de reprendre la route, jusqu’au prochain check-point, qui sait ? Justement, à celui de Qena, cinquante kilomètres plus loin, les policiers nous laisseraient volontiers nous garer le long de leur caserne, mais leur chef,
joint au téléphone, ne les y autorise pas… A force de questionnements, nous comprenons que leur principale crainte, c’est que nous nous fassions cambrioler -voire enlever- dans leur district ! Voilà pourquoi ils ne tiennent pas à ce que nous passions la nuit chez eux. Puisque c’est ça, il faut reprendre la route jusqu’à Louxor ! Nous sommes vraiment fatigués et n’aspirons qu’à une chose : nous arrêter et dormir. Notre dernière escorte nous lâche à l’entrée de Louxor, au milieu de nulle part, à minuit. La ville est sûre, mafich mouchkila (pas de problème) ! C’est bien joli, mais il faut trouver un bon endroit où bivouaquer. Nous entrons donc dans la ville endormie et suivons la direction du site de Karnak, où nous finissons par trouver son parking sur lequel –bien joué- il y a même un relais de police ! Notre épopée prend fin : nous pouvons enfin nous reposer.


  
Louxor

    Maintenant que nous y sommes, il faut rentabiliser le voyage ! Nous attaquons dès la fin de matinée par la visite des Temples de Karnak. Il doit faire 30 degrés, sous un soleil éclatant… Autant dire que l’ombre procurée par la forêt des 134 colonnes papyriformes de la Grande salle hypostyle est la bienvenue ! Trois heures plus tard, nous sortons, ravis et éblouis par tant de grandeur, mais aussi moulus ! Une fois rassasiés et reposés, nous nous mettons en quête d’un lieu plus adéquat pour bivouaquer les trois prochains jours que nous comptons passer à Louxor. Nous dénichons en fait un « camp », mi-hôtel, mi-camping, mi-restaurant, avec un grand jardin, où nous sommes accueillis chaleureusement par Barakat, qui nous fait choisir la chambre que prendront les grands-parents et nous indique où se trouvent les différentes commodités (notamment le lave-linge !). Barakat est copte et reçoit régulièrement des groupes de chrétiens souhaitant se réunir dans un lieu sûr . C’est le cas ce week-end : une centaine de personnes devrait débarquer le lendemain et rester deux jours…

    Nous poursuivons notre programme culturel et historique en nous rendant de nuit au Temple de Louxor, après avoir emprunté la promenade piétonne de la Corniche qui longe le Nil. Ce temple est tout bonnement magique… et la température, elle, beaucoup plus supportable ! Seul bémol lorsque nous en ressortons : c’est la première fois que nous voyons des enfants (à partir de 6-7ans) tendre la main et demander de l’argent ou à
manger en insistant : à vous tordre le ventre et vous révolter contre les inégalités dans le monde ! Dans la rue, les calèches fonctionnent comme des taxis. Les temps sont durs pour les personnes qui vivent du tourisme car la fréquentation des visiteurs a dramatiquement chuté depuis le début de la Révolution (environ 80 % en un an) . Comme il est déjà tard, nous acceptons la « réclame » d’Adam le cocher, qui nous ramène au camp en calèche, tractés par Cinderella sa jument. 


    Le lendemain, samedi, le groupe de chrétiens est au rendez-vous et investit l’hôtel, le jardin et la grande tente qui lui servira pour les célébrations. Nous, nous nous rendons sur la jetée pour grimper
sur un bateau à moteur et passer sur la rive occidentale de Louxor. Puis nous louons les services d’un taxi, qui nous emmènera sur les différents sites et nous attendra pendant les visites. Ainsi, nous attaquons avec le Temple d’Hatshepsout, à l’architecture somme toute très contemporaine. Ecrasés par la chaleur, nous revenons à l’entrée du site en petit train électrique. Notre chauffeur de taxi nous propose de déjeuner devant le magasin de son frère, qui fabrique et vend des objets en albâtre (exploité dans cette région). Il nous rapporte du poulet, de la soupe aux pois chiches, du riz et quelques crudités d’un boui-boui local et nous nous régalons, à
l’ombre de l’atelier. Evidemment, nous faisons le plein de souvenirs manufacturés –par ailleurs très beaux- puis remontons en voiture pour poursuivre notre tour : tout d’abord, la Vallée des Rois, où nous visitons les tombeaux de Ramsès III, Ramsès IV, Ramsès IX et bien sûr Toutankhamon ! Toutes sont magnifiquement décorées, exceptée la dernière, qui a dû être préparée dans la hâte, son occupant étant décédé prématurément à 20 ans. Ce tour terminé, nous enchaînons avec les tombes de la Vallée des Reines, mais n’avons accès qu’à des sépultures d’enfants, celles de Nefertari et de Titi étant fermées pour cause de travaux… Ceci dit, là aussi, les peintures murales et aux plafonds nous laissent admiratifs. Nouveauté notable : les bakchichs, à distribuer à chaque gardien de tombe, même après avoir payé son billet d’entrée. Ils ont toujours un secret à vous dévoiler, un accès à vous ouvrir, à vous spécialement, une lampe torche à vous prêter, etc. Bref : il faut se mettre dans le bain et avoir de l’humour…et puis c’est tout. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons furtivement devant les Colosses de Memnon, en cours de restauration et cernés d’échafaudages.
 
  Nous admirons le coucher de soleil sur le Nil en reprenant le ferry dans le sens inverse et convenons d’une balade en felouque sur Nil avec la visite de Banana Island avec nos « pilotes », Ahmad et Mustapha, pour le lendemain après-midi . Puis Ahmad nous montre le chemin du supermarché le plus proche, nous offre un jus de canne à sucre bien frais (la spécialité du coin) et nous accompagne jusqu’au camp (ce qui n’est pas du goût du gérant, qui ne laisse entrer que des chrétiens… ou les musulmans qu’il connaît). Il repart avec Thierry en camping-car car il peut nous procurer un jerrican de gasoil, qu’il transporte sur son bateau. Nous le paierons plus cher qu’à la pompe, mais au moins, nous en aurons ! La pénurie de carburant sévit vraiment dans tout le pays. En fait, Thierry revient bredouille car le collègue d’Ahmad a dû partir avec le bateau pour une course de dernière minute… Cela ne nous empêche pas de nous régaler du repas pantagruélique -et délicieux- que nous a préparé le cuistot du « camp » : frites à volonté pour les enfants, crudités, soupe à l’oignon, gratin de pommes de terre, tajine mouton-bœuf, riz : nous «explosons» et demandons même l’autorisation d’emporter les restes dans le camion pour ne pas gâcher une si bonne cuisine…

   

   
La matinée suivante est dédiée aux tâches ménagères (trop fastoche d’appuyer sur le bouton on/off du lave-linge !), au rangement de notre cabane et surtout à l’école, un peu délaissée ces derniers jours… Grand-Père et Grand-Mère sont réquisitionnés, pour le plus grand plaisir de leurs petits-enfants !
Le temps est lourd et très chaud ; la virée en felouque sera parfaite pour nous rafraîchir ! Comme le vent est contraire, nous attendons un bateau-remorqueur pour qu’il nous mène à Banana Island. Pour patienter, Martin, Amélie et Thierry jouent au UNO avec Ahmad, notre capitaine. Au bout d’une heure sans nouvelle du remorqueur, nous abordons le bateau à moteur de Mustapha venu
nous secourir et pouvons voguer vers l’île. Comme son nom l’indique, elle est couverte de bananiers et l’on vous offre une dégustation de bananes tout juste descendues de l’arbre, au bistrot, sur la jetée. L’ambiance y est paisible, on voit les pêcheurs sur leurs barques à rames relever leurs filets et les imposantes dahabbyia (bateaux aménagés en habitation pour les croisières de plusieurs jours) naviguer tranquillement. Mustapha met la musique à fond pour le retour et autorise les enfants à monter sur le toit du bateau ! Nouveau coucher de soleil magnifique, à la fraîche. Arrivés à la jetée, nous récupérons les deux jerricans de gasoil et disons au-revoir à nos sympathiques capitaine et co-capitaine. Ce soir, Thierry fait sauter les crêpes dehors ! Yahou !


    Dernière matinée, dernière visite : celle du Musée de Louxor, tout beau, tout neuf, tout climatisé. Avant de nous y rendre, pause-ravitaillement en ville. A la sortie du magasin, alors que les automobilistes se sont gentiment arrêtés de part et d’autre de la chaussée, un motard se faufile entre les rétroviseurs et renverse Sabine qui traversait en toute confiance. Dans sa chute, elle bouscule Grand-Père, et se « raye » joliment le genou et la main gauche (et surtout, elle écrabouille les briques de lait transportées dans son sac ! ...). Le chauffeur de la moto, lui aussi à terre, s’enquiert aussitôt de son état. Il a dû se faire mal car il se tient le poignet. On est quitte ! Ce n’est pas si grave, on se salue et Sabine et son papa regagnent le camion sur le trottoir d’en face. En fait, dans l’histoire, Sabine a aussi eu la fesse entaillée ! Par la poignée de frein de la moto, sans doute. C’est Martin qui lui fait remarquer que sa jupe est déchirée et qu’il y a du sang par terre. C’est malin, notre planning va encore être décalé ! Heureusement, Thierry, l’infirmier de bord, dégaine le pschitt (qui pique, en fait ! Il faut arrêter de mentir aux enfants en leur disant que c’est juste pour désinfecter mais que ça ne va pas faire mal !) et les « Steri-strips » pour « recoudre » l’entaille, qui fait tout de même une vingtaine de centimètres ! Cela va faire désordre sous le maillot de bain… Nous disions donc « Musée de Louxor » : en avant ! Sabine a repris des couleurs et a une démarche un peu raide, mais on ne va pas partir sans avoir admiré les trésors superbement mis en valeur ! Il y a là des statues, des momies, des objets usuels retrouvés dans les tombeaux, des bijoux, des pièces de monnaie, etc.


   Hourghada
    La bonne surprise du jour, c’est que nous n’avons pas besoin d’escorte pour le tronçon de route Louxor-Hourghada ! Il faut croire que les brigands sont cantonnés à la Vallée du Nil… Nous sommes bien soulagés de pouvoir voyager à notre rythme et sans sirène. La route qui traverse le désert de sable puis de montagne est très bonne. Nous atteignons Hourghada à la nuit et établissons notre bivouac en périphérie, sur le parking d’un énorme centre commercial à l’européenne, en face du « Mac’Do ». Le lendemain, ayant épuisé tout le gasoil des jerricans de Louxor, nous expérimentons l’activité « file d’attente devant la station-service »,
qui dure trois heures et se solde par l’arrivée miraculeuse du camion-citerne et la distribution tant attendue du précieux carburant. Ceci dit, nous avons mis cette attente à profit en faisant classe et même en déjeunant à bord.

    La ville qui s’offre à nous diffère vraiment des petits villages aux maisons de terre crue que nous avons vues le long du Nil. Ici, les façades des immeubles de deux ou trois étages sont harmonieuses, colorées, en bon état. Il y a beaucoup de complexes hôteliers qui semblent fonctionner. Evidemment, si l’on regarde de près, les détritus s’amoncèlent à l’arrière des bâtiments et certaines maisons ont l’air bien fatigué… Nous garons le camion à proximité d’une plage privée, à défaut de trouver la plage municipale, et allons goûter l’eau de la fameuse Mer Rouge : délicieuse. Les enfants retrouvent instinctivement la position « fesses en l’air-mains dans le sable » qu’ils empruntent dès qu’on arrive sur une plage, tandis que Thierry, Valou et François piquent une tête rafraîchissante. Le soir, Sabine, Valou et Martin vont faire un tour sur l’artère principale d’Hourghada, où se succèdent les hôtels, les restaurants et de clinquantes  boutiques de bijoux,chaussures, bagages, souvenirs ou articles de plage. La station balnéaire est très fréquentée par les Russes, ce qui explique les nombreuses enseignes en caractères cyrilliques.


    La côte de la Mer Rouge

    Le lendemain, nous reprenons la route pour Le Caire. Le décor n’a pas changé : désert de sable jusqu’à Suez, avec plateformes pétrolières au large et oléoducs qui longent la route de temps à autres. On voit aussi, d
e temps en temps, de minuscules bateaux de pêche : aux abords de Suez, les pêcheurs installés au bord de la route vendent leur pêche du jour maintenue au frais dans de grosses glacières. Puis apparaissent des complexes hôteliers démesurés, dont certains n’ont pas l’air très occupés… Nouvelle étape d’attente pour le gasoil en cours de route, puis arrivée au Caire, dans le jardin exquis des Frères Dominicains.
 

26 Egypte (suite)