mars-avril 2012

    Le Caire (deuxième séjour)

    Le temps s’est considérablement radouci et nous supportons bien notre petite laine (polaire !). Nous avons décidé de consacrer les deux derniers jours du séjour de Grand-Père et Grand-Mère à la visite de deux quartiers très différents de la capitale :

Le premier quartier, appelé « le Caire Islamique », est enfermé derrière des remparts, où nous pénétrons par la Bab el- Futuh, l’une des portes d’accès qui donne directement sur une des rues principales : Sharia al-Muizz li-Din Allah, qui doit son nom au calife fatimide* qui conquit Le Caire en 969. Nous visitons la Mosquée Al-Hakim, qui comporte les deux minarets les plus vieux de la ville. Sinon, cette mosquée n’a rien d’extraordinaire… Il faut avouer qu’après être passé en Iran, on a des goûts de luxe en matière d’architecture et de décoration islamique ! En remontant la rue, nous nous arrêtons dans une petite rue sur laquelle donnent de magnifiques « moucharabieh » (fenêtres en bois treillissé) qui appartiennent à une série de trois demeures familiales traditionnelles et caravansérail, les Beyt al Souhaymi. Elles sont encore meublées et les sols de marbre sont recouverts de beaux tapis. Ensuite, nous goûtons la pizza égyptienne et le beignet à la viande, achetés sur un stand dans la rue.
Nous continuons avec le Mausolée al-Qalaun et sa mosquée, tous deux superbement décorés (nacre et lapis-lazuli dans les mosaïques murales). Enfin, nous terminons notre plongée dans l’univers fatimide avec la visite du caravansérail Wikala al-Bazara, entièrement restauré et plutôt grand : il y en avait 360 au Caire à l’époque ottomane du XVIIème siècle !


    Notre balade se termine par un bain d’odeurs, de couleurs et de matières au souq des chichas (pipes à eau), du cuivre et des orfèvres. Partout, on croise des ânes attelés à des charrettes, sur lesquelles sont disposés fruits et légumes de saison. Quant au pain, il est transporté par des livreurs à vélo très habiles, car les centaines de galettes sont posées sur un immense
plateau tressé qu’ils portent en équilibre sur la tête ! Nous reprenons des forces au bistrot (coca pour les filles : c’est la fête !) puis achevons pour de vrai notre visite de ce quartier envoûtant par un tour dans la prestigieuse Mosquée Al-Azhar, construite en 970. Ses trois minarets, tous différents, lui confèrent un style particulier. Pour rentrer chez les Dominicains, nous hélons un taxi qui nous emmène tous les sept dans la même voiture, sans ceinture de sécurité : on s’égyptianise ! Au couvent, nos zouzous apprécient le bain chaud qu’ils prennent dans la chambre de leurs grands-parents ; cela faisait un moment qu’ils n’avaient pas trempé aussi longtemps dans un bocal d’eau douce et chaude !

*Fatimides : Dynastie musulmane qui régna sur le Maghreb et l’Egypte entre le Xème et le XIIème siècle. Fondé en 909 par Ubayd Allah, imam de la secte chiite ismaïlienne, le califat fatimide établit sa capitale au Caire en 973 et atteignit alors son apogée. Les Fatimides furent déposés par Saladin en 1171.


  
• Le deuxième quartier, que nous visitons le lendemain, beaucoup plus favorisé, est celui de Zamalek sur Gezira, l’île posée sur le Nil. Ses bâtiments sont plutôt résidentiels et certains datent des années 1920. Nous passons devant l’Opéra et la Tour du Caire (185 mètres de haut et construite en 1961) puis longeons le Nil en empruntant la promenade paysagée fréquentée par les Cairotes venus se détendre « au vert ». Les bateaux-restaurants chics se succèdent sur les quais. Pour le diner, nous leur préférons le resto Abu el Sid, caché dans une ruelle, à l’angle de laquelle nous dévalisons au préalable l’excellente librairie internationale Diwan, très bien achalandée en bouquins français, surtout en littérature pour enfants (si vous voyez ce que je veux dire…). Inès, Martin et Amélie commencent d’ailleurs à dévorer leurs nouveaux livres à
peine entrés dans le restaurant ! Après avoir dégusté de nouvelles spécialités, comme le mouloukhia (soupe d’épinards servie avec du riz et du poulet), accompagnées d’un vin égyptien (oui !, il y en a), nous empruntons à pied le Pont du Six Octobre et traversons, de nuit, un étonnant marché aux vêtements installé sous ce même pont et qui s’étend sur au moins un kilomètre. Un petit saut en métro nous ramène dans le quartier du couvent, où nous faisons quelques emplettes (pain, yaourts, fruits) dans les bouis-bouis qui semblent ne jamais fermer. Câlins d’au-revoir à Grand-Père et Grand-Mère qui repartent aux aurores demain matin, puis sommeil du juste pour nous tous qui avons, mine de rien, bien marché aujourd’hui !


   
Les deux journées qui suivent sont plus calmes : école, rangement, lessives, coupes de cheveux sont les activités principales. Nous nous accordons une récré en nous rendant au collège jésuite situé vers la gare centrale, où nous faisons connaissance avec le Père Youssef, qui a fondé et s’occupe d’un centre d’accueil destiné aux enfants défavorisés du village d’Ezbet Shokr, pas loin d’Al Fayoum. Il nous brosse un rapide éventail des actions que nous pourrons mener là-bas pour donner un coup de main puis nous nous séparons en nous donnant rendez-vous dans 4 jours. En effet, nous recevons entre temps un autre invité : Eric, un cousin de Thierry, qui profite d’un déplacement professionnel dans le coin pour rester 2 jours avec nous. Justement, nous allons le chercher à l’aéroport et avons prévu une grande marge pour ne pas être en retard. A notre grande surprise, les grandes artères sont très fluides. En fait, cela est dû aux trois jours de deuil national décrétés à l’occasion du décès du patriarche copte Chenouda III, qui était très apprécié par tous les Egyptiens, toutes confessions confondues. Nous récupérons donc notre hôte à l’heure et avec grand plaisir et rentrons au couvent.


  
La journée suivante est dédiée à une démarche inédite pour nous : faire prolonger l’assurance et l’autorisation de circuler du camping-car, car cela fait déjà presque un mois que nous sommes en Egypte, et nous devrions y rester encore deux semaines. Heureusement, Frère Jean parvient à dégoter le nom et l’adresse des bureaux où nous devons nous rendre : Umrur al Ataba, place Ibrahim Pacha. C’est Sabine qui « s’y colle », pendant que Thierry et les enfants mettent à jour leur carnet de bord. En réalité, le bureau en question (ou plutôt devrais-je dire : le bungalow type Algeco…) se trouve dans un autre pâté de maison. Voilà une manière différente, mais néanmoins intéressante, de découvrir la ville ! L’employé ne parle pas anglais mais finit par délivrer à Sabine un imprimé sur lequel la date court jusqu’à fin avril. Quant au carnet de passage en douane, il lui fait comprendre qu’il n’en a pas besoin et que l’imprimé suffit. Soit ! En revenant au camion, garé place Ibrahim Pacha, Sabine a repéré une station-service où l’on sert du gasoil. Elle s’empresse de se perdre dans les rues puis guide Thierry vers la fameuse station. Trop tard : la citerne est vide ! Nous passons ensuite deux heures à errer dans les rues à la recherche de carburant. Ce n’est pas faute d’être gentiment accompagnés : un pompiste, dont la station est aussi à sec, monte avec nous pour nous guider jusqu’à une station qui devrait avoir été approvisionnée, mais c’est le même scénario…  Penauds, nous retournons au couvent, où les Frères et leurs hôtes, comme Gad le Syrien, ne perdent jamais ni sourire ni bonne humeur : nous ne tardons pas à retrouver le moral. En outre, Eric nous rejoint après sa journée de travail et nous passons une bonne soirée en famille.

   

   
Bien que notre réservoir de gasoil ait le sourire à l’envers, nous osons l’expédition jusqu’aux « autres pyramides », beaucoup moins visitées mais non moins spectaculaires, de Saqqarah et Dachour, au sud-est du Caire. Et nous ne sommes pas déçus : malgré les échafaudages (un peu artisanaux) qui la recouvrent partiellement, la Pyramide à Degrés de Djoser, le premier monument en pierres érigé vers 2650 avant J.C., est impressionnante. Sur le même site, nous admirons ensuite le Tombeau de Tî, sur les murs duquel sont gravées de superbes scènes de la vie quotidienne telles que les travaux agricoles, la pêche, les repas, la construction de bateaux, etc. Lorsque nous
arrivons ensuite à l’entrée du site de Dachour, le gardien nous fait comprendre que c’est l’heure de la fermeture. Nous négocions un rapide tour et obtenons de pouvoir filer admirer, en camion, les 3 pyramides : la Rouge, la Rhomboïdale (dont la pente a dû être revue en cours de construction car le bâtiment menaçait de s’effondrer) et la Noire (qui ressemble davantage à un vulgaire amas de pierres qu’à une pyramide…) construite au 3ème millénaire avant J.C.

    Satisfaits d’avoir vu toutes ces prouesses technologiques, nous devons maintenant nous résoudre à faire la queue pour espérer faire le plein de gasoil… Tandis que Thierry reste dans le camion pour essayer de réparer l’auto-radio et avancer dans la queue, Eric, Sabine et les petits partent à la découverte de ces immenses parcelles vertes qui défilent sous nos yeux depuis 3 semaines. C’est la fin de la journée, les ouvriers agricoles chargent mules et ânes de leurs récoltes et rapatrient les autres bêtes (buffles, moutons, chèvres) pour les ramener au village. Sous les palmiers, pas une miette de sol n’est laissée à l’abandon : c’est le principe de la double culture. Ainsi poussent poireaux, blé, pommes de terre à l’ombre des dattiers. Hélas, rien n’a bougé devant la station-service. Du coup, Thierry et Eric décident d’aller acheter de quoi dîner au village voisin. Ils reviennent en triporteur couvert, assourdis par les boum-boum de la musique mais chargés de poulet, riz et crudités un peu épicés… Au bout de trois heures d’attente, on abandonne en croisant les doigts pour que notre réserve soit suffisante pour retourner au Caire…


   
Le lendemain, nous commençons à remettre en cause notre projet de coup de main au Père Youssef au Fayoum. Sans gasoil, nous ne pouvons aller nulle part. Et si toutefois nous en trouvons, un plein ne sera pas suffisant pour aller et revenir là-bas puis remonter tout le Sinaï jusqu’à la frontière avec Israël… En même temps, nous avions vraiment envie de donner une dimension « bénévole » à notre voyage, pour ne pas être partis uniquement en tant que touristes… Cependant, Thierry revient de la station-service d’à côté du couvent avec une bonne nouvelle ce matin : le camion-citerne devrait livrer le précieux « solar » (gasoil) en fin de matinée. Du coup, Sabine reste dans le camion afin de taper un peu de lecture pour vous, les fidèles visiteurs de notre site, tandis que les garçons emmènent les enfants à la Citadelle, en passant par les imposantes Mosquées Mehemet-Ali et An-Nasir Mohamed (époque mamelouke*, plus épurée) puis la Cité des Morts (tout un pan de cimetière habité par une population peu fortunée). Eric reprend l’avion dans la foulée.
   
Au camion, c’est le statu-quo : l’heure de la livraison est retardée toutes les deux heures… En rentrant de la balade, Thierry va se renseigner auprès du pompiste et rencontre Samy, un camionneur qui lui propose de nous appeler quand le camion-citerne sera là, tout en nous gardant la place devant lui. Du coup, nos adorables têtes blondes, qui commençaient sérieusement à tourner en rond dans le camion, peuvent aller se dégourdir les jambes dans le jardin des dominicains, à 200 mètres ! On monte même la tente, car ils rêvaient depuis le départ de passer une nuit dehors !

    A minuit, Samy nous fait signe. Nous replions les enfants dans le camion, ne sachant pas combien de temps prendra l’opération « solar », puis nous nous infiltrons dans le bazar de minibus qui se sont agglutinés là dès l’arrivée du camion-citerne. Allons-nous y laisser un pare-choc, une aile, un rétro ? Certains sont tellement sur les nerfs qu’ils seraient prêts à tuer pour faire le plein les premiers… Ambiance tendue, manœuvres serrées, au bout d’une heure trois-quart, c’est la délivrance : nous sommes enfin servis. En revanche, le pompiste refuse de remplir notre bidon (ce qui est sage finalement, car cela évite les attroupements de piétons excités au milieu des véhicules). C’est déjà ça ; nous pouvons aller nous coucher ! Les températures remontent en cette fin de semaine et cela fait du bien. Nous passons une nouvelle journée tranquille, une nouvelle nuit sous tente (enfin, les grands et Thierry ) puis décidons de nous rendre malgré tout au Fayoum. Après avoir remercié les Frères, si accueillants, nous prenons congé et faisons route vers une nouvelle aventure, profondément marquante et enrichissante…

*Les Mamelouks étaient les membres d’une milice d’esclaves parmi lesquels furent choisis les sultans qui régnèrent sur l’Egypte et la Syrie de 1250 à 1517.


   
La semaine d’entraide à Ezbet Shokr
    Nous retrouvons le Père Youssef sur la route, au sud de Gizeh, car il rentre lui-même du Caire après une réunion. Nous suivons son minibus, qui nous conduit dans le petit village d’Ezbet Shokr, à une dizaine de kilomètres d’Al-Fayoum. Yasser, son « chauffeur », nous fait visiter les lieux. C’est le Père Youssef, prêtre pradosien, qui a monté ce centre d’accueil pour les enfants défavorisés et handicapés. Il y a une PMI, où Petite Sœur Hélène et Petite Sœur May accueillent, écoutent et soignent les femmes
et les bébés du village, un jardin d’enfants pour les plus jeunes (une sorte d’école maternelle, qu’ils fréquentent tous les matins, sauf les vendredis et dimanches), un accueil pour les enfants handicapés moteurs et mentaux (pris en charge tous les matins sauf le samedi par Petite Sœur Nermin et 2 autres adultes) et un soutien scolaire, qui s’adresse aux enfants du niveau de l’école élémentaire et du collège (2 heures tous les soirs après la classe, pris en charge par des animateurs qui leur apportent de l’aide principalement en arabe, maths et sciences).
    En guise d’accueil, le Père Youssef nous emmène en minibus, avec 5 enfants qui ne rentrent pas dans leurs familles le week-end et qui sont accueillis en internat au centre, au Lac Qarun. Cette vaste étendue d’eau côtoie le désert occidental et permet aux
agriculteurs de cultiver céréales, ail, poireaux, oliviers, camomille et autres plantes médicinales sur ses rives sud et est. Nous voyons aussi beaucoup de pêcheurs sur leurs longues barques en bois peintes en vert. Cette excursion est pour nous l’occasion de faire connaissance avec les enfants et leurs accompagnateurs.


    Après une première nuit dans la cour du Centre, nous « déménageons » au fond du jardin, à côté du terrain de foot et des salles où sont accueillis les enfants handicapés : un super bivouac ! Après avoir fait le tour des différentes installations et rencontré les « maîtresses » du jardin d’enfants (4 classes pour les enfants de 2 à 5 ans), les animateurs du soutien scolaire et les secrétaires et responsables de la bibliothèque, Sabine va en ville acheter du matériel (peinture, gommettes, pinceaux, papiers de couleurs) pour pouvoir proposer des activités variées aux enfants de chaque groupe. En effet, le Père Youssef nous a demandé d’intervenir auprès d’eux et d’aider les animateurs à mettre en place des ateliers différents de ce qu’ils ont l’habitude de faire. Les souvenirs de maîtresse Sabine se réactivent… Inès, Martin et Amélie sont ravis d’aider aux préparatifs ainsi qu’à la distribution du matériel dans les classes, et Thierry donne aussi un coup de
main, même s’il préfère bricoler pour remettre des choses en état. Ainsi, tous les matins, notre petite équipe intervient auprès des groupes d’enfants de la maternelle (enfilage de perles, peinture aux doigts (!…), graphisme, comptage et collage de gommettes, …). L’après-midi est « libre » et on réattaque dès que les grands rentrent de l’école et du collège, de 16h à 18h. Certains vont en cours de soutien scolaire tandis que d’autres viennent faire de la peinture, du collage, des jeux dehors. Dans cette organisation, il y a même un créneau quotidien pour la classe de nos enfants à nous !


    Nevin, la secrétaire toujours souriante, nous fournit une aide précieuse en étant avec nous tous les matins car elle a un super contact avec les petits, parle très bien anglais et favorise la communication avec les maîtresses, la responsable du jardin d’enfants, et aussi avec les enfants eux-mêmes ! Sabine a bien quelques connaissances en langue arabe, mais somme toute limitées… Ceci dit, tout le monde est tellement enthousiaste que l’on parvient souvent à se comprendre par gestes, dessins et baragouinages ! Chaque jour, le Père Youssef nous transmet la satisfaction de chacun et cela nous flatte et nous donne envie de continuer à leur faire plaisir. Nos interventions ne sont pourtant pas extraordinaires…  C’est là qu’on prend conscience de la chance que nous avons, en France, en matière d’accueil, de prise en charge et d’instruction des enfants, quel que soit leur âge ! Ici, la volonté et le travail du Père Youssef et de sa formidable équipe permet aux enfants de familles défavorisées d’échapper au travail dans les champs et de s’instruire.


   
Le dimanche, nous ne sommes attendus qu’à 16 heures par les animateurs du soutien. Le Père Youssef nous propose alors une nouvelle excursion, au Wadi Rayan cette fois. Afin de nous faire économiser notre précieux gasoil, un taxi vient nous chercher, une 504 break, voiture très répandue dans le pays. Nous repassons devant le Lac Qarun, ses cultures et ses pêcheurs, puis avançons dans le désert de cailloux et voyons apparaître une surprenante montagne aride qui surplombe le Lac Supérieur de cette réserve naturelle. En grimpant sur les flancs de cette montagne, les enfants découvrent de mystérieux palets de pierre polie qui ressemblent à des pièces de monnaie. Ils s’en remplissent les
poches en pensant aux futurs échanges commerciaux qu’ils vont pouvoir faire entre eux – et avec nous ! – grâce à cette nouvelle monnaie... Le Père Youssef nous apprend d’ailleurs que les gens du coin appellent ça les « dollars égyptiens ». Nous apercevons ensuite le Lac Inférieur, dans lequel son « grand frère » se jette par le biais de deux cascades. Là aussi, les pêcheurs s’activent, bien qu’une seule espèce de poisson vive dans ce lac.

    Sur le chemin du retour, le Père Youssef nous invite à déjeuner au restaurant de la «guesthouse» du village d’artistes de Tunis, un peu en retrait du Lac Qarun. L’endroit est paisible et l’on y sert des frites et du coca ! Les enfants sont ravis ! Et nous aussi, qui goûtons au poisson du coin, accompagné de crudités et de riz… et d’une bonne bière fraîche ! C’est l’avantage de côtoyer des Chrétiens, pour qui boire de l’alcool n’est pas interdit ici. Comme autres activités sympas au Centre, il y a eu le « plouf » dans la piscine, qui sert, en été, aux handicapés moteurs, et la balade dans les champs de luzerne, où les zouzous ont  appris à manier la faucille. Sans oublier les tours de balançoire et de toboggan, que nous avions à proximité du camion.


    Un midi, les Petites Sœurs May et Nermin, qui font un travail extraordinaire au Centre, l’une à la PMI et l’autre avec les handicapés, nous ont reçus avec une gentillesse presque maternelle dans leur maison, au village. Nous avons aussi reçu la visite de nos deux amis-sauveurs du Fayoum, Islam et Fady, (voir carnet de route 26) qui ont dîné avec nous dans le camion, en compagnie de Yasser, qu’Islam connaissait par ailleurs. Belle soirée amicale ! Sans compter le jerrican de gasoil que Fady avait réussi à se procurer pour nous auprès d’un de ses collègues policiers : il nous a rendu un sacré service, car la pénurie était toujours d’actualité à la fin de notre séjour au Centre. Ceci dit, nous n’étions en fait pas coincés : le Père
Youssef, de son côté, nous en avait gardé « au cas où »! Côté « technique », Thierry a aussi pu opérer des transferts de gaz pour le moins originaux, sous les yeux intrigués du jardinier Aymane, qui n’avait sans doute jamais vu qu’on mettait une bouteille de gaz au frigo (la  bouteille réceptrice) afin de récupérer un maximum de gaz de l’émettrice, qui, elle, était placée en plein soleil… Tout cela pour équilibrer la pression entre les deux, si j’ai bien compris (?!?) Dans un autre domaine, la machine à laver le linge nous a bien secourus (nous n’avions encore pas traversé un pays aussi poussiéreux et le camion en avait fait une sacrée réserve ! Housses de banquettes et de couettes ont soudain retrouvé une nouvelle jeunesse !).


    Le matin de notre départ, l’émotion est palpable. Le Père Youssef ne cesse de nous remercier, mais je crois bien que nous avons autant, voire plus, reçu en amitié, confiance, complicité et chaleur humaine que ce que nous avons donné ! Il se pourrait que l’on revienne, à l’avenir… Le projet du Père Youssef en vaut carrément la peine. D’ailleurs, vous pouvez nous contacter par mail pour recevoir des informations supplémentaires sur le centre et éventuellement participer financièrement au développement des activités déjà en place et à venir.


    Dix heures de route nous séparent de la pointe sud du Sinaï. Nous voulons nous y rendre directement, la région n’étant pas recommandée pour les touristes indépendants… D’ailleurs, nous devons nous joindre à un convoi policier, collectif cette fois-ci, pour parcourir une petite portion de route où des problèmes ont eu lieu récemment avec les Bédouins. A 100 kilomètres de Charm-el-Sheikh, le voyant de
la réserve s’allume… Les stations-services des environs étant dramatiquement vides, nous utilisons le gasoil de Fady et arrivons à Charm en étant de nouveau sur la réserve…


 

27 Egypte (suite)