avril 2012


    Le tour du Sinaï

    Charm-el-Sheikh ressemble à une cité balnéaire du sud de la France, avec des commerces, des hôtels, des restaurants, des yachts dans sa baie, et des occidentaux en bermuda, débardeur et mini-jupe… Rien de bien dépaysant ! Enfin si, pour nous qui venons de traverser l’Egypte profonde, c’est comme un préambule à notre retour en France… Heureusement, nous nous dégottons un bivouac un peu crasseux à l’arrière d’un supermarché (où nous apprécions, cela dit, de trouver des produits de chez nous !), entre chantier en cours et poubelles de magasin. Avant de reprendre la route le lendemain, notre joli voyant rouge nous rappelle un impératif : trouver du gasoil ! Fastoche : à la première station-service, une file bien ordonnée d’une dizaine de véhicules nous indique que c’est là que nous devons patienter. Nous so
rtons les cahiers et les manuels de classe, persuadés d’en avoir pour la matinée à attendre. Que nenni, au bout d’une demi-heure, l’opération est bouclée et nous pouvons rouler ! Nous prenons alors la direction de l’extrême pointe du Sinaï.


   La réserve naturelle de Ras-Mohammed

    Ce long mois en Egypte nous a marqués, il nous a même éprouvés : nerveusement, moralement, affectivement (dans le sens positif !) et physiquement. Alors, rien de tel qu’un petit séjour au milieu de nulle part, perdus au pie
d des montagnes qui plongent dans la mer, où l’horizon se confond avec le bleu de l’eau et où seul le vent fait du bruit, pour se requinquer et quitter ce chaotique mais merveilleux pays par un bout plus paisible ! Au programme de ces deux jours de farniente : conduite accompagnée sur les pistes pour les enfants, snorkelling dans un aquarium géant, « cueillette » et ricochets de méduses (…), courses de bernard-l’hermite, siestes, pique-nique sur la plage, nuit dans un camping hors du commun, bataille de poissons d’avril et rencontre avec un couple de Français en camping-car.


   Dahab (deuxième séjour)
Nous avions apprécié le charme de ce petit village accueillant à l’aller, et décidons d’y retourner. Les restaurants tout illuminés nous avaient fait de l’œil la dernière fois, nous craquons donc en invoquant l’anniversaire de Martin qui approche… A nouveau, nous faisons le bonheur de nos enfants simplement en leur commandant des frites ! Inès teste aussi la pizza, mais il n’y a pas de pétard : sans jambon de cochon, c’est moins bon ! Nous testons la lagune comme lieu de bivouac : impeccable, sauf que le vent est déchaîné, pour le plus grand plaisir des véliplanchistes et des kyte-surfers, qui s’en donnent à cœur-joie ce matin. Il fait déjà très chaud, mais nous tenons bon pour faire classe, avant d’accompagner Thierry sur la plage du Lighthouse, où il a rendez-vous avec Maxim pour une plongée en bouteille, le veinard. Pour le reste de la troupe, l’attente n’est pas si désagréable : on se baigne et on barbotte avec masque et tuba, et le spectacle de coraux et petits poissons colorés est au rendez-vous, à quelques mètres seulement du rivage, et rien que cinquante centimètres sous la surface de l’eau ! Certes, nous ne voyons pas le requin-l
éopard ni les rascasses, anguilles et murènes que Thierry croise, ni les « Némos » que l’on peut caresser et qui se cachent dans les anémones de mer, m’enfin…

Deuxième nuit sur la lagune. A la sortie de Dahab, nous complétons notre réservoir de gasoil, malgré la file d’attente, car le carburant n’est pas aussi bon marché en Israël, où nous nous rendons ensuite.

La route au pied des montagnes est toujours aussi belle, les complexes hôteliers toujours aussi déserts et les quelques camps de Bédouins toujours aussi insalubres…


    Passage de la frontière à Taba

   Nous aurions dû nous méfier : le papier, écrit en Arabe, obtenu au Caire pour prolonger l’autorisation de circuler en Egypte n’était qu’un simple renouvellement d’assurance… Il aurait fallu insister pour qu’on nous mette également le carnet de passage en douane à jour. Mais à qui fallait-il s’adresser ? Pourquoi l’agent rencontré au Caire ne nous l’a-t-il pas fait ? Et bien, pour mettre à l’épreuve notre patience et nos talents de négociateurs, sans doute… En effet, puisque nous sommes en faute, le douanier nous annonce que nous devons payer une amende d’environ 200 euros si nous voulons sortir le camion d’Egypte. Nous avons beau lui expliquer que nous pensions avoir fait les bonnes démarches, il ne veut rien entendre. Sabine essaie de négocier la moitié du montant, étant donné que c’est la personne du Caire qui a mal fait son travail… Le douanier, voyant qu’il a à faire à une teigne, téléphone à son supérieur, lequel transmet un nouveau tarif : comme nous n’avons pas dépassé le délai de 3 mois de retard, nous ne devons payer que l’équivalent de 40 euros. D’où l’intérêt de ne pas lâcher prise !

    L’aventure n’est pas terminée : nous avons un camping-car à vider pour entrer en Israël, maintenant ! Nous espérions secrètement que les douaniers, nous ayant reconnus, se souviendraient qu’ils n’avaient trouvé ni bombe ni arme dans notre chargement la dernière fois et qu’ils nous exonèreraient de tout ce bazar cette fois-ci… Il n’en est rien, d’autant plus que nous arrivons du Sinaï, pas très copain avec son voisin israélien… Ceci dit, les personnels sont très avenants et nous offrent une aide précieuse en acheminant directement nos bacs (dont la taille est bien plus adaptée que celle des bacs côté jordanien) au stand de contrôle par rayons X. Nos zouzous sont très dynamiques aussi, il faut le dire !  Nous y passons tout de même 4 bonnes heures sous une chaleur un peu amortissante ! Petite différence appréciable : ce poste-frontière ne fermant pas, nous prenons le temps de dîner et de coucher nos arsouilles, puis de ranger tranquillement ce qui dépasse encore, avant d’aller nous garer le long de la plage, sur le même parking que la dernière fois : on ne change pas ses petites habitudes ! De toute façon, les lieux sont envahis de campeurs qui ont monté leurs tentes côte à côte sur la plage et de l’autre côté de la chaussée. Les Israéliens profitent des congés de Pesar (la Pâque juive) pour se retrouver entre amis et prendre du bon temps.

    Il fait déjà 34 degrés dans le camion à 8 heures du matin : ça promet ! Alors que nous terminons notre petit-déjeuner, un couple vient nous saluer et discuter un moment. Sarit et Yossi, en congés, sont les premiers Israéliens avec qui nous entrons en contact ! Ils sont d’ailleurs très sympas et nous invitent même à passer chez eux à Tel-Aviv la semaine suivante. Ils nous apprennent que la détonation que nous avons entendue la veille en nous couchant provenait d’une roquette envoyée depuis le Sinaï et venue s’écraser sur la montagne, juste à côté de notre bivouac : rassurant, non !?!


    Pâques à J
érusalem

    En ce 6 avril 2012, Martin fête ses 8 ans et nous entrons à Jérusalem pour la seconde fois. Nous sommes accueillis au Couvent des Dominicains (très bonne adresse !) par le Père Jean-Baptiste, rencontré chez les Dominicaine du Caire et qui nous avait invités lorsque nous lui avions parlé de notre projet de repasser dans la Ville Sainte au moment de Pâques. « Le jardin est encore plus grand ! Qu’est-ce qu’on va s’amuser ! On reste combien de temps ? » se sont écrié Inès, Martin et Amélie en passant le portail.

    Nous sommes restés 4 jours, avons préparé et célébré la grande fête des Chrétiens en assistant aux offices à la Basilique Saint-
Etienne du Couvent, et avons aussi peaufiné notre découverte de cette magnifique cité : souq arabe de la Porte de Damas, tour des Remparts, Jardin de la Tombe, Marché Mahane Yehuda, balade en métro.

    Il y eut aussi le gâteau d’anniversaire avec les bougies qui se rallument (merci Christine !), les repas dehors, le dîner partagé avec les Pères et Serge le photographe dans la grotte du bureau-musée du Père Jean-Baptiste, la fabrication d’encres de couleurs à base de pétales de fleurs, de feuilles d’arbre et de bois séché et la chasse aux œufs dans le jardin le matin de Pâques !


  
Le Lac de Tibériade sous le soleil
    Nous avions prévu de rejoindre Haïfa en passant par les villes de Ramallah et Naplouse, en Palestine, mais le Père Jean-Baptiste et Serge, un photographe passionné de la cause palestinienne, nous en ont dissuadés. Ils nous ont expliqué que les colons juifs, avant de construire des maisons en dur, débarquent avec des sortes de bungalows dans les territoires où ils comptent s’installer et que les Palestiniens risquent de nous confondre avec des envahisseurs si nous arrivons sur leur territoire avec notre camping-car… Du coup, nous optons pour un trajet moins risqué et remontons la vallée du Jourdain au nord de Jéricho, pour voir le
Lac de Tibériade sous le soleil. Le paysage est toujours aussi verdoyant. Le seul souci, c’est que les beaux jours sont arrivés et que nous sommes en période de vacances. Les rives du lac, désertes lors de notre premier passage, sont prises d’assaut par les familles qui s’agglutinent sur les plages payantes et dans les campings ; c’est une vraie fourmilière ! Nous décampons illico et trouvons refuge sur les hauteurs, à côté du Jardin et de l’Eglise des Béatitudes, plus calmes. L’endroit porte bien son nom, le jardin est splendide et la vue sur le lac, imprenable.


   
Saint-Jean d’Acre (Akko)

    Derrière ses remparts cohabitent Juifs et Musulmans, en toute quiétude. Les noms des rues sont indiqués soit en hébreu, soit en arabe. Les ruelles pavées mènent dans différents quartiers, tous chargés d’histoire. En effet, la ville a été le siège des Croisés, souvent attaquée, longtemps imprenable. Nous nous limitons à la visite très intéressante du Hammam du Pasha. Sur le port se côtoient les familles juives traditionnelles, aux nombreux enfants, dont le père de famille porte papillotes, manteau et couvre-chef noirs, et familles arabes, sans oublier les touristes étrangers.



 

28 Egypte (fin)

          et Israël

          (deuxième séjour)