9 Iran / le nord-ouest

 

  octobre 2011

     Nous sommes en Iran depuis une petite semaine et l’on peut dire que nous sommes gâtés !

S’il fallait décrire les Iraniens en quelques mots, nous choisirions : hospitalité, attention, disponibilité, générosité… et élégance !

   

     Où que nous passions, on nous accueille avec un «Salam Aleikoum»(bonjour, bienvenue) immédiatement suivi d’un «Welcome in Iran !», que l’on peut même lire sur les lèvres des automobilistes et motards que nous croisons sur la route ! Le deuxième soir en Iran, alors que Sabine achetait deux ou trois denrées dans un petit boui-boui, un habitant d’une trentaine d’années, Mahmoud, s’est présenté spontanément pour proposer son aide. Quand il a su que nous cherchions un endroit pour passer la nuit, il nous a immédiatement conduits dans sa rue, au pied de sa maison. Deux femmes, Parisa et Zehra, sont sorties. Sabine les a alors saluées et leur a demandé comment préparer les immenses galettes de pain sèches et très fines. Elles l’ont alors invitée à venir voir dans la maison, car en langue «farsi», c’était un peu compliqué… Mahmoud est rentré à ce moment-là et leur a demandé de préparer un dîner pour nous ! Il nous a même proposé de dormir chez eux (il vit avec ses parents et ses deux frères et belles-sœurs) mais nous lui avons expliqué que nous avions nos lits dans le camion. En attendant le repas, nous avons décidé de leur faire une tarte aux pommes en plus de celles que la Maman de Mahmoud nous avait offertes, à peine avait-elle su que nous étions là. Au menu, Parisa et Zehra avaient cuisiné des frites, du riz et du bœuf haché en bolognaise, accompagnés de soda ou de lait frais (nous n’avons pas vraiment accroché…), puis fruits et thé servis «au salon». Nous avons partagé le repas avec toute la famille, autour d’un immense tapis bien douillet, avec la télévision turque en bruit de fond. Il y avait aussi un petit garçon de 7 ans, Larmin, mais qui était un peu timide.

    Sur nos lieux de bivouac, on nous a aussi offert des grenades et des olives (dans la montagne, vers le lac de Manjil). Dans une «guesthouse», sur le parking de laquelle nous bivouaquions, on nous a permis de laver notre linge gratuitement dans une vraie machine et on nous l’a étendu, certes un peu «en boule», mais dans une pièce bien chauffée alors que dans le camion, cette nuit-là, la température est descendue jusqu’à 8°c… Le serveur est même venu proposer des couvertures de peur que nous ayons froid !

   

    A Kyashahr, pla
ge de la mer Caspienne, comme il y avait beaucoup de vent et pas d’endroit où s’abriter pour pique-niquer, Mohammed, le tenancier du seul «bistrot» de la plage, nous a invités à nous asseoir dans son «estanco», sur une sorte d’estrade couverte de tapis, pour que nous puissions manger à l’abri. Thierry le voyant boire une bière (sans alcool, bien sûr !), lui en demande une : il ne lui en reste plus. Point. Dix minutes plus tard, un bruit de moto : notre hôte a téléphoné en ville pour qu’on lui livre une dizaine de canettes, fraîches par-dessus le marché ! Pour le remercier, nous lui commandons aussi un café, qu’il nous apporte avec moult friandises au chocolat… Et bien, au moment de partir, impossible de payer ! Il offre même un paquet entier de petits chocolats aux enfants…

    Quand nous demandons notre chemin, les gens n’hésitent pas à proposer de monter dans le camion pour nous accompagner directement ! C’est comme ça qu’à Tabriz, déroutés par une déviation peu lisible, nous nous sommes adressés à un homme qui nous a permis de ne pas passer une heure à retrouver notre route et nous a emmenés directement au bon embranchement, certes, en nous faisant prendre quelques dizaines de mètre à contre-sens sur l’autoroute, mais bon, comme il disait devant l’air inquiet de Thierry : «Go, go, this is Iran !» A Tabriz toujours, un autre accompagnateur, Mohammed, nous a fait découvrir, en nous en offrant l’entrée (!), le Musée Qajar qui n’est pas mentionné dans les guides alors qu’il est intéressant (maison du Shah Amir Nezam, il recèle des pièces de monnaies, des armes, des costumes, des étoffes magnifiques et raffinées). Ensuite, il nous a guidés jusqu’à la Mosquée Bleue, dite Kabud, lieu que nous voulions trouver initialement ; il nous en a offert également l’entrée et nous a quittés ensuite le plus simplement du monde… Bahram a pris son «relais» un quart d’heure plus tard alors que nous cherchions l’entrée du Bazar, dont les allées mises bout à bout s’étendent sur 35 kilomètres ! Il a passé deux heures avec nous, à déambuler dans le bazar aux plafonds de briques voûtés (fermé car nous sommes vendredi, jour de prière, mais beau quand même), puis à nous aider au marché (sans doute nous seri
ons-nous fait un peu arnaquer s’il ne nous avait pas pris sous son aile…). Là aussi, il a pris congé de nous après nous avoir ramenés au camping-car, nous remerciant en outre pour le bon moment passé en notre compagnie ! C’est le monde à l’envers ! Vers le littoral de la Mer Caspienne ensuite : Ali nous a démêlé le nœud d’un embranchement peu clair en nous accompagnant jusqu’à la bonne sortie, comme ça…


    Côté vestimentaire, les femmes doivent se couvrir les cheveux et les épaules (et moi aussi, pour le coup! Heureusement qu’il ne fait pas trop chaud !). Elles le font soit avec un tchador (souvent noir, mais qui peut aussi être de couleur), soit avec un immense foulard à motifs colorés sobres - ou noir, mais damassé - dont elles se drapent. En-dessous, les jeunes femmes sont vêtues à l’occidentale : jean’s ou pantalons ajustés, tee-shirts de couleur, etc. En guise de vêtement long cachant hanches et haut des cuisses, sur la côte de la Caspienne notamment, elles portent un imperméable noir, plutôt seyant. Beaucoup d’entre elles sont soigneusement maquillées, surtout en ville. Quant aux hommes, ils sont toujours «classe», même sur leur tracteur ou derrière leur étal de fruits et légumes : pantalon bien taillé, chemise avec col, parfois pantalon bouffant avec ceinture large ajustée (dans le Nord). Point de vue «coupe de cheveux», les femmes ont les cheveux longs, a priori, puisque l’on devine d’énormes chignons sous leurs foulards. Certaines ont les cheveux teints, en blond par exemple, et c’est assez surprenant ! (Ici, c’est le brun qui domine). En revanche, il est des regards qui vous marquent : un bleu ou un vert très clair sur une peau mate avec une tignasse brune, waouh ! Les jeunes hommes peuvent afficher une plus grande originalité que les filles et on en voit beaucoup qui ont la coupe «en brosse», mais sur l’arrière… Bref, tout ce monde là est bien agréable à regarder. En ce qui concerne les écoliers, tout le monde est logé à la même enseigne : uniforme. Mais là aussi, on sent un souci de la coupe et du détail….qui va même un peu loin car certains enfants sont assortis aux couleurs des murs de leur école !...


    Le décor

    Nous sommes arrivés par les montagnes et ne nous lassons pas d’admirer le paysage : entrelacs de roches rouges, crèmes, brunes, vert clair (!) qui se succèdent, les uns en forme de pattes d’éléphant (le ruissellement des pluies forme des couloirs des crêtes à la base), les autres en strates (les enfants appellent cela «en glace vanille-fraise» !), avec des étendues totalement désertes, où paissent quelques troupeaux malgré tout, ou des champs cultivés (céréales, tournesol, riz) à proximité d’oasis : petits villages entourés de peupliers bien verdoyants , le tout au milieu de montagnes arides… Du bord de la Mer Caspienne, nous n’avons vu que la région de Rasht. Elle est plutôt humide : riz et thé y trouvent leur compte ! Nous avons eu de la chance, il a fait un temps superbe les deux jours où nous y étions ! Un peu plus dans les terres, d’immenses plantations d’oliviers nous ont rappelé notre Provence française…


    Les visites

    Il y a beaucoup de mosquées et de mausolées à voir. Ce sont des bâtiments très finement décorés et qui ont souvent des proportions impressionnantes, comme la Mosquée bleue de Tabriz, toute en briques et entièrement recouverte de céramiques bleues à l’intérieur ; elle a été détruite par un tremblement de terre et restaurée récemment. Comme aussi le Mausolée de Soltaniyeh qui possède le plus haut dôme du monde : 48 mètres de haut et 25 mètres de diamètre ! Côté original : le village troglodyte de Kandovan : pittoresque bourg aux cônes étranges qui abritent ces cavités creusées dans la roche tendre et de forme insolite qui évoquent la Cappadoce. Elles auraient abrité les habitants de la Perse qui ne voulaient ni se convertir ni se faire couper la gorge, au moment de l’islamisation par les Arabes, vers le 8ème siècle après J.C.