mars 2012


   
Le monastère Sainte- Catherine

    Au matin, Farag, le tenancier du Fox Camp, vient nous inviter à entrer dans le camp si nous avons besoin de quelque chose. Il parle parfaitement bien le français, ayant vécu à Montpellier pendant plusieurs années. Sabine lui confie une lessive puis nous partons au monastère Sainte-Catherine, qui ferme à midi. Beaucoup de touristes affluent par cars entiers. Ce sont des moines grecs-orthodoxes qui résident ici, d’où la déco intérieure de l’église très chargée en dorures et icônes, très belles du reste. Nous visitons aussi le musée qui présente de magnifiques icônes ainsi que des manuscrits très anciens. Retour au camp pour récupérer la lessive, déjà étendue par le collègue de Farag (!) puis quête de pain au village. La boulangerie n’est pas indiquée, mais l’on remarque rapidement une longue file de personnes qui attendent à l’entrée d’une sorte d’atelier, d’où sortent des enfants qui étalent les galettes chaudes à même les escaliers pour qu’elles refroidissent. Sabine se glisse dans la file, puis revient avec une dizaine de galettes au blé complet fumant encore.


  
La traversée du Sinaï «avec escorte»

    Innocemment, nous prenons ensuite la route qui mène à la côte ouest du Sinaï pour rejoindre ensuite Le Caire. Mais au check-point, la police nous explique qu’elle est fermée aux touristes à cause des risques d’enlèvements par les Bédouins, qui exigent ensuite des rançons… Nous n’avons aucune envie de faire tout le tour de la péninsule et mentons un peu en leur racontant que nous devons absolument être à l’aéroport le lendemain matin pour y cueillir les parents de Sabine… Du coup, ils affrètent un véhicule garni de cinq policiers armés de fusils-mitrailleurs et nous traversons le désert montagneux ainsi escortés ! Arrivés sur la côte, nous sommes libérés de notre convoi et pouvons ensuite admirer à notre guise les stations de pompage et les raffineries de pétrole disséminées tout le long du parcours, jusqu’à Ras Sudr. Pas très attractif, comme coin ! Nous y faisons quelques courses, telles qu’une carte SIM locale et du poulet rôti, puis suivons un taxi qui nous guide jusqu’au Concorde Hôtel, où nous sommes accueillis gentiment pour passer la nuit (dans le camion, évidemment !). Le complexe est immense… mais désert ! Les bâtiments ne doivent pas être très anciens, mais à force de ne pas servir, ils s’abîment et cela ne doit pas être très rentable d’entretenir un tel ensemble quand les clients font cruellement défaut. En tous cas, pour nous, c’est un bivouac tranquille et sûr.

   
Le lendemain, la route qui nous mène au tunnel sous le canal de Suez est un peu monotone : c’est un désert de sable. Il y a bien des dizaines de complexes hôteliers, mais c’est le même topo que sur la côte est : soit ils sont déserts, soit ils ne sont pas achevés… Heureusement, nous passons plusieurs check-points, ce qui agrémente un peu notre voyage ! L’entrée du tunnel est sévèrement gardée par des militaires en faction, qui doivent trouver le temps drôlement long dans leurs guérites rose-bonbon…

De l’autre côté du tunnel, le rythme des check-points est maintenu, sur une route pas plus rigolote.


  

  
  Le Caire

    •La circulation

    Là, cela devient rigolo : autant les automobilistes sont rares dans le Sinaï, autant c’est le bazar dans la capitale ! Première leçon : le code de la route est régi par le klaxon. Nous comprenons vite que les feux rouges, cédez-le-passage et autres ronds-points se négocient au pouêt-pouêt. Inutile, donc, de mettre le clignotant : il faut s’insérer dans le trafic et avoir de sacrés réflexes ! C’est donc Thierry qui s’y colle en prem’s, et qui se débrouille, comme un chef, il faut le dire. Notre première impression sur cette ville de vingt millions d’habitants, réputée comme étant très polluée, est plutôt agréable : un terre-plein central paysager et propre, des trottoirs existants et des façades plutôt chouettes bien que noircies par les fumées dues aux gaz d’échappement. Un tramway vert foncé, dont les wagons ont un style un peu désuet, croise parfois les voies de circulation sans prévenir, mais donne un aspect sympathique aux grandes artères. Nous avons rendez-vous avec le Père Michel, un prêtre pradosien à qui nous avons proposé notre «disponibilité» afin de rendre service. Il nous attend sous un pont, en face d’une station de métro : cela nous met dans le bain illico ! Ceci dit, nous nous retrouvons très facilement et voyons débarquer un monsieur d’un âge, chevauchant vaillamment sa bicyclette et qui nous a repérés au premier coup d’œil. Fastoche : les camping-cars ne courent pas les rues par ici !


  
•Le couvent des Dominicains

    Habitant lui-même dans un quartier populaire, le père Michel nous a dégotté un fabuleux lieu de bivouac, en plein cœur du Caire : le couvent des Frères Dominicains. Nous chargeons le vélo en travers du camion et nous laissons guider par notre nouvel ami si prévenant. Dans le quartier d’El-Geish, au nord-est de la capitale, nous sommes accueillis dans un superbe jardin paysager, au milieu duquel se dresse le bâtiment du couvent. Frère Jean, notre âge, nous y souhaite chaleureusement la bienvenue et nous comprenons tout de suite que nous avons beaucoup de chance, une fois de plus !

    Le Père Michel ne nous a pas trouvé de «mission» dans sa paroisse mais nous donne les coordonnées d’un de ses confrères, le Père Youssef, qui s’occupe d’un centre d’accueil pour enfants défavorisés dans un petit village de l’oasis du Fayoum. Nous laissons repartir notre valeureux ange-gardien à bicyclette, dans la nuit, et tâchons de récupérer nos zouzous, qui sont partis explorer le jardin «by-night»… C’est malin, Jean les a défiés de trouver les trois tortues et le caméléon qui s’y cachent !

Notre première matinée consistera à faire connaissance des différentes personnes qui habitent au couvent, que ce soient les autres Frères, Benoît le coopérant ou Gad le Syrien. Il va sans dire que le jardin n’a déjà plus de secret pour Inès, Martin et Amélie, qui l’arpentent de long en large dès le réveil…


    •L’approvisionnement rituel

    Sabine a repéré un hypermarché Carrefour : damned ! Le programme de l’après-midi est vite vu : dévalisage aux rayons des denrées «de chez nous» pour remplir la soute, qui est dramatiquement vide. Il faut dire que Grand-Père et Grand-Mère débarquent demain matin pour quinze jours d’aventure à bord de notre cabane à roulettes !

 

25 Egypte (suite)