janvier-février 2012
Wadi Rum
Nous sommes vraiment trop gâtés ! Nous grimpons tout en haut de l’énorme rocher qui surplombe la tente d’Ibrahim dans le désert, non loin de la Grande Dune, pendant qu’il fait un feu et prépare du thé. Le spectacle est grandiose, nous sommes juste en face du creux de montagnes au milieu duquel se cache progressivement le soleil, dans une lumière rougeoyante extraordinaire ! Fidèle à lui-même, Thierry escalade le plus haut rocher pour ne pas en perdre une miette : nous le distinguons à peine sur la falaise… En bas, Ibrahim nous attend, vêtu de son long manteau en peau. La théière est noircie par les flammes et nous en apprécions le délicieux breuvage tout en écoutant notre hôte nous raconter des histoires de Bédouins. Parfois, il dort là, au creux du rocher, enroulé dans trois couvertures, sous le ciel étoilé : le luxe !
Nous rentrons au village dans la nuit noire, c’est excitant. Ceci dit, à peine rentrés dans notre cabane, les zouzous affichent une certaine fatigue… Tout le monde au plumard ! Il faut se requinquer pour la tant attendue promenade à dos de dromadaires de demain matin !
Aqaba
Destination suivante : Aqaba. Cette ville balnéaire s’étale au pied des montagnes, à l’horizontale. Il y a bien quelques hôtels qui dépassent, mais cela ne dénature pas l’ensemble des habitations typiques à un, voire deux étages. Premier stand : le ravitaillement ! Nous dévalisons le supermarché à consonance britannique (Safeway, pour ne pas le nommer) et les placards débordent. Nous faisons également le plein des réservoirs d’eau à l’arrière du bâtiment, où les employés sont adorables. Puis nous mettons le cap vers les plages du sud, apparemment aménagées pour les campeurs. La frontière saoudienne n’est qu’à 5 kilomètres, indique un panneau.
Séance «salon de coiffure» pour Inès, puis baignade tous ensemble avec Ahmad, qui nous prête au passage des palmes et des masques, les nôtres (à nous, les parents) étant soigneusement rangés au fond de notre garage, en France… Nos petits plongeurs sont ravis du spectacle, mais prennent peur en voyant des méduses, et c’en est fini de l’exploration sous-marine. Puisque c’est ça, nous invitons notre désormais copain à venir déjeuner «chez nous», les nuages ayant décidés de nous ôter le soleil. Il nous apporte sa pêche du matin, que nous dégustons avec plaisir.
La fin de l’après-midi est beaucoup moins agréable, puisqu’elle consiste à retourner en ville pour glaner des informations sur les traversées en ferry entre Aqaba et Nuweïba, en Egypte : tout cela pour qu’au bout d’une heure de tarifs, horaires et explications diverses, Mohadanat, le guichetier apprenne à Sabine que c’est moins long et moins coûteux de traverser Israël au poste –frontière tout proche et de gagner ensuite l’Egypte par la route !). Ensuite nous allons récupérer nos bouteilles de gaz (pleines), passons déposer nos draps à la laverie et squattons dans une ruelle cracra où nous captons une connexion en wifi. Certes, c’est pratique. Après nos traditionnelles crêpes du dimanche, nous usons et abusons de cette connexion providentielle et nous couchons une fois de plus à point d’heure…
Nous allons aussi jusqu’au poste-frontière prendre des renseignements concernant les formalités d’entrée et de traversée d’Israël, puisque nous allons peut-être passer par là pour rentrer au bercail… Enfin, nous faisons le plein d’eau sur un chantier, puis le plein d’essence, avant de nous lancer sur la route du Wadi Araba, vers le Nord.
La Mer Morte
Béthanie au-delà du Jourdain
Au cours de la visite, nous sympathisons avec une famille d’Américains vivant à Amman. John (infirmier), Deanna (aide-soignante) et leurs quatre enfants espèrent retourner au plus vite au Yémen car ils s’y étaient installés avant la période d’instabilité politique pour aider la population à se former aux métiers d’infirmier(e) et d’aide-soignant(e), les médecins ayant, pour beaucoup, déserté le pays. Ils nous invitent à passer chez eux, Inch’Allah…
Avant d’attaquer la vallée du Jourdain, véritable «potager» du pays, nous faisons une pause auprès d’une mosquée pour faire le plein d’eau, mais au bidon, cette fois-ci ! Un fidèle nous offre un sac de fruits après la prière. Tout le long de la route, des cultures, sous serres et à l’air libre, s’étendent à perte de vue, entrecoupées de tentes de Bédouins. On croise des tas de camionnettes chargées de cagettes débordant de tomates (principalement), mais aussi d’oranges, de choux-fleurs, de courgettes, etc. D’ailleurs, on n’a que l’embarras du choix pour faire son marché : il suffit de s’arrêter sur le bord de la route ! Et en plus, les prix sont dérisoires. En revanche, question conduite au volant, c’est assez «artistique»… Mieux vaut être concentré et avoir des réflexes, dont celui d’appuyer sur le klaxon pour se signaler et annoncer qu’on s’engage dans un rond-point ou qu’on double !
Nous sommes arrivés de nuit sur ce site archéologique un peu désert. La «guesthouse» est fermée, les habitants de la maison à côté de laquelle nous nous garons ne se manifestent pas ni ne répondent à nos «ouh-ouh», mais l’endroit est paisible. Au cours de la nuit, une véritable tempête de pluie et de vent secoue le camion dans tous les sens… Au matin, nous décidons tout de même d’aller jeter un œil sur les vestiges. Mais au bout de cinq minutes, nous battons en retraite : nous sommes trempés et avons froid (normal, nous sommes encore en short, alors que, visiblement, c’est plutôt l’hiver, par ici…). La vue sur la vallée du Jourdain est néanmoins superbe, toute de vert recouverte. Au loin, on distingue même les reliefs d’Israël. Nous passons environ dix check-points militaires très amicaux avant d’arriver encore plus au nord, à Umm Qays. Normal, nous longeons deux frontières sensibles : Israël à l’ouest et la Syrie au nord…
Dominant le Lac de Tibériade, la vallée du Yarmouk, celle du Jourdain et le plateau du Golan, la ville ottomane d’Umm Qays impressionne, même sous la pluie ! Armés de nos blousons et même de nos gants, nous nous lançons à la découverte de cette cité que Pompée et Hérode le Grand avaient développée jusqu’au faste. Nous y avons particulièrement apprécié : le Décumanus long d’1,6 km, le Théâtre Noir en basalte, les échoppes faisant aussi office de sous-bassements pour la basilique byzantine et les «trous de fouilles» rectangulaires où sont mis à jour de nouveaux vestiges. En outre, le soleil a fait une apparition en fin de parcours, nous offrant une belle luminosité de fin d’après-midi. Ce jour-là, nous avons «déjeuné» à 16h30…
Irbid
Nous ne faisons halte dans cette immense ville étudiante que pour trouver une connexion internet et un supermarché. Il pleut encore, mais le supermarché est bien achalandé et le café internet facilement accessible. Nous dénichons un lampadaire dans une zone un peu tranquille et nous y établissons notre bivouac. Au réveil, deux bergers passent sous nos fenêtres avec leur troupeau de moutons et de chèvres. Ils doivent avoir dix-douze ans…
C’est le deuxième site le plus visité en Jordanie après Pétra, et pour cause ! Cette ville, créée par Alexandre-le-Grand, aux alentours du IVème siècle avant JC, a été occupée depuis l‘époque néolithique. Successivement grecque, romaine puis byzantine, elle s’est surtout considérablement enrichie et développée sous le règne de Trajan, grâce aux routes commerciales et à ses plaines fertiles. Les vestiges sont très bien conservés et la balade n’en est que plus agréable et enrichissante : Hippodrome, Arc de Triomphe d’Adrien, Place Ovale, Cardo Maximus , Nymphéum gigantesque, Temple d’Artémis, marché couvert, Théâtres sud et nord et multitudes d’églises avec mosaïques.
Les Châteaux du Désert
Cette belle journée se termine à Amman, la capitale. Au menu de la soirée : grandes courses dans le magasin Carrefour que Sabine a repéré depuis belle lurette dans le guide…