31• Turquie du sud et de l’ouest
31• Turquie du sud et de l’ouest
avril-mai 2012
Les alentours de Silfike
Pour nous y rendre, nous longeons les champs de fraisiers, qui alternent avec les agrumes et les oliviers : les effluves qui s’en dégagent sont délicieuses !
Les Gouffres de l’Enfer et du Paradis
Si champs d’agrumes et de fraisiers se succèdent en plaine, ils cèdent la place petit à petit aux vastes étendues gris-vert des oliviers, puis il ne reste plus que des sapins sur le flanc des montagnes, dont les sommets (3000 m) sont enneigés. L’autoroute est en très bon état, alors nous fonçons ! Le lendemain, nous regagnons la plaine agricole, laissant derrière nous les façades multicolores et les terre-pleins centraux garnis de rosiers en fleurs. Les maisons sont plus modestes.
Ville souterraine qui aurait existé du temps des Hittites, cette cité byzantine était encore utilisée à l’époque byzantine, lorsque les chrétiens voulaient se protéger des attaques arabes et perses, aux VIème et VIIème siècles. Dix mille personnes pouvaient se réfugier dans les pièces creusées sous terre, réparties sur sept étages ! Même le bétail avait son étable. Ils utilisaient de longs couloirs d’aération pour ventiler l’air, évacuer la fumée des feux de bois et recevoir la lumière du jour. En tout cas, ce labyrinthe nous émerveille ! Quand nous refaisons surface, les vendeuses de poupées traditionnelles nous sollicitent vivement, car la saison est encore un peu creuse et le touriste se fait rare…. L’habit traditionnel se compose, pour les hommes comme pour les femmes, d’un pantalon bouffant resserré aux chevilles.
Changement d’ambiance : parking payant, groupes interminables de touristes de tous pays, stands de souvenirs… Görëme est une habituée des visites ! Certes, les peintures murales de ses églises sont magnifiquement conservées (nous apprécions particulièrement celles de l’Eglise Sombre, dont les couleurs vives ont été préservées par l’absence d’ouverture sur l’extérieur, ainsi que l’Eglise à la Boucle, elle aussi très belle), mais après notre passage à Soganli-la-sauvage, nous sommes un peu déçus par tant de mise en scène. Et puis, nous n’avons plus l’habitude de faire la queue pour visiter un monument…
La pluie commence à tomber, alors nous nous réfugions dans notre cabane à roulettes, squattant une bonne partie de la soirée car une connexion internet est accessible depuis la rue. Nous nous rappelons de bons souvenirs en négociant un tapis, anatolien cette fois-ci, auprès d’un marchand super sympa.
Les montgolfières…
La balade à cheval
L’arrière-train un peu tallé, nous remercions notre guide et nous mettons en quête d’une machine à laver pour nos draps. C’est dans un camping un peu à l’écart du brouhaha que nous trouvons notre affaire : l’endroit est désert, mais la tenancière du camping accepte que nous squattions le parking le temps d’un cycle de lavage. Nous étendons notre lessive entre deux arbres, après avoir passé le village d’Uchisar (lui aussi impressionnant avec sa colline couverte de cheminées de fées), dans un champ où nous nous installons pour déjeuner. Il fait chaud et le vent souffle ; tout est sec à la fin du repas : grand luxe !
Sultanhani
Konya
De cette grande ville, nous ne visiterons que le Musée Mevlana, haut-lieu du soufisme et de la formation des derviches tourneurs. Les anciennes loges des apprentis danseurs ont été transformées en salles de musée très instructives, nous renseignant sur les costumes, les instruments de musique et les versets du Coran qui sont chantés pour accompagner les danseurs. On peut aussi y admirer le Mausolée de Rumi, le fondateur du soufisme (branche de l’Islam très ouverte sur l’extérieur) ainsi que des miniatures de versets du Coran manuscrites sur de minuscules supports, et qui ont parfois coûté la vue à leurs auteurs.
Le paysage est ponctué de mosquées aux dômes argentés et aux façades vivement colorées, de petits villages espacés par de vastes champs cultivés. Nous avalons les kilomètres, ne faisant de pauses que pour les repas et le plein des réservoirs d’eau (aux nombreuses fontaines qui canalisent l’eau qui jaillit des montagnes environnantes). Néanmoins, nous nous arrêtons un peu plus longuement à Yalvaç, dont le marché en plein air est réputé pour ses étals achalandés par des vendeurs venant de toute la région, en voiture à cheval pour certains ! Des poissons gros comme des chats et partiellement recouverts d’écailles effraient Sabine, qui s’approvisionne en fruits et légumes auprès de vendeurs du reste très charmants. Nous goûtons aussi une curieuse spécialité salée, ressemblant à une pizza-beignet mais à base de pâte feuilletée et fourrée aux légumes et au fromage local : un régal, bien qu’un peu gras… En quittant la ville, nous cherchons, en vain, celle d’Antioche-de-Pisidie, théoriquement toute proche et où Saint-Paul et Saint-Barnabé firent du «bon boulot» d’évangélisation puisqu’Antioche fut l’une des premières villes en Anatolie à se convertir au christianisme.
Pamukkale
Quelques dizaines de kilomètres nous séparent encore de Pamukkale et ses bassins naturels en travertin (carbonate de calcium). C’est la succession d’hôtels, ou «pansyons», terrains de camping et restaurants qui nous annonce la proximité immédiate du site, hautement touristique. Tout ce qu’on aime… Comme un orage menace, nous nous contentons d’un petit tour à pied dans le village et sortons de ce guet-apens à touristes pour trouver un coin tranquille dans la colline, perdus entre les cultures verdoyantes d’oliviers, d’agrumes et de figuiers. Nous avons le temps de faire classe, de prendre un petit apéro (initié par Martin) et de passer une bonne soirée au son du croassement des grenouilles. Le lendemain matin, petit-déjeuner «en terrasse», au soleil. Les enfants ont découvert un filet d’eau qui traverse le chemin en amont de notre bivouac et se délectent en patouillant dedans… Pas grave, le programme qui suit inclut une baignade dans les bassins du site de Pamukkale : ne t’énerve pas, Maman !… Cette enfilade de bassins aux eaux blanc-bleu est éblouissante et majestueuse. A l’aller, nous restons très dignes, ne trempant que nos pieds dans les bassins peu profonds, tapissés d’un dépôt style «vase», mais blanc, que Martin appelle «pâte à pain»…
Tout en profitant de cette balade «les pieds dans l’eau», nous sympathisons avec un couple de petits jeunes, Brice et Mélanie, avec qui nous causons jusqu’à la sortie. Là, nous nous séparons un peu vite, sollicités par trois Français désespérés d’avoir manqué le dernier bus pour Denizli, où ils devaient attraper une correspondance. Ils sautent dans le camion et Thierry appuie sur le champignon afin d’arriver à la gare routière avant le départ dudit bus. Mission accomplie : nos aventuriers sont sauvés, et nous n’avons plus qu’à poursuivre la route jusqu’au coucher du soleil. Tous ces champs d’agrumes nous font de l’œil… Mais nous galérons pour trouver un endroit où stationner sans gêner la circulation des tracteurs et autres engins agricoles. Alors que nous nous apprêtons à faire demi-tour devant une carrière, un des employés nous fait signe et nous demande ce que nous cherchons. Lorsqu’il comprend que nous souhaitons simplement nous arrêter pour la nuit, il nous indique le terrain de foot du village, 500 mètres plus loin. C’est parfait ! En plus, un quart d’heure après, il vient nous apporter cinq tasses de thé sur un petit plateau : bel accueil ! Plus tard, c’est un jeune berger qui mène ses moutons sous nos fenêtres ; il a l’air de s’ennuyer, alors Martin et Amélie vont lui proposer une pomme et du chocolat. D’abord surpris, il accepte volontiers et croque avec gourmandise dans ce modeste goûter. Nous apprécions de voir que nos enfants sont maintenant à l’aise avec les personnes qu’ils ne connaissent pas forcément, et qu’ils ont compris qu’une attention, même infime, fait plaisir à celui qui la reçoit. Reste à souhaiter qu’ils s’en souviennent longtemps.
Ephèse
Au réveil, le soleil est toujours de la partie, alors le moral est au beau fixe ! Les couettes sont sèches, nous pouvons partir. Le Musée d’Ephèse nous apporte des explications, notamment sur Artémis, la déesse de la fertilité, emblème de la ville, mais aussi sur les techniques artisanales et agricoles employées autrefois dans la région. Les enfants sont très intéressés par une série de cadrans solaires, ainsi que par des inscriptions grecques gravées sur une imposante pierre verticale.
La route du littoral vers le nord et le site de Bergame
Après Izmir, à l’urbanisme hyperdense et au halo de pollution pas très engageant, nous retrouvons les champs d’oliviers et les vastes étendues de culture au sol. Les zones industrielles gâchent un peu le paysage… Le jour suivant, nous roulons toute la matinée, pour atteindre Bergame à midi. Des officiers turcs ont été tués par des rebelles Kurdes il y a quelques jours, et leur enterrement a lieu aujourd’hui à Bergame, ce qui perturbe le trafic… Quand est-ce que les hommes arrêteront de se crêper le chignon ??!
Des champs d’oliviers à perte de vue…
La petite route que nous empruntons ensuite est un vrai délice (sauf pour les suspensions du camion…) car elle serpente au milieu des oliviers, eux-mêmes plantés à quelques mètres de la mer. Campings, auberges et restaurants se succèdent tout le long, cachés dans les feuillages, et l’on s’arrêterait volontiers si l’on n’avait pas un programme à respecter… Nous apprenons par un SMS des parents de Sabine que François Hollande vient d’être élu Président de la République : saura-t-il relever tous les challenges pour une France plus équitable ? Inch’Allah, comme diraient nos amis arabes !
Troie
Bien que le guide nous ait prévenus, nous décidons de nous rendre sur le site de la fameuse ville de Troie, qui aurait été envahie grâce à des soldats Grecs cachés dans une maquette de cheval que les Troyens auraient laissé entrer dans l’enceinte fortifiée de la ville en croyant recevoir un cadeau pour la déesse Athéna, qu’il fêtaient à ce moment-là… En réalité, à part la gigantesque maquette de cheval en bois, dont la description nous intriguait et en haut de laquelle on peut monter, et la promenade « bucolique » (selon les termes d’une dame anglaise rencontrée en chemin) que représente effectivement la visite, le site est un peu déconcertant…
Le détroit des Dardanelles
Nous voulions d’ailleurs visiter le Musée de la Guerre, histoire de montrer aux enfants dans quelles conditions vivaient les soldats qui défendaient leur pays. Malheureusement, il est fermé… Nous continuons notre route en direction de la Bulgarie, bivouaquant sur une aire de pique-nique où les clients du bistrot voisin chantent à tue-tête, essayant vainement de faire concurrence aux grenouilles (qui ne laissent pas leur part au chien, question «concert»…) La matinée qui suit est consacrée au lavage de linge sale en famille (voir photos !) et à la grimpette sur les pins inclinés.
Avis à la population !
Le dossier initial traitant de notre premier séjour en Turquie (début octobre), avait été «perdu» dans notre ordinateur au moment où nous voulions le mettre en ligne… N’étant déjà pas très en avance, nous avions décidé de le réécrire plus tard. Par conséquent, c’est aujourd’hui, en même temps que ce deuxième volet de notre découverte de la Turquie, du sud et de l’ouest cette fois, que nous vous donnons un bref aperçu de ce périple rapide et pas très folichon, dont le but était surtout de rallier le Nord de l’Iran le plus tôt possible afin de ne pas rencontrer trop d’hiver dans les montagnes iraniennes.
Vous le trouverez donc inséré «à sa place», entre la Grèce et l’Iran.